De la réalité à la fiction : réac-tion... 2009

Publié le par La Porte Bleue - Danièle Antoniotti

Je m’en veux d’être une pauvre conne qui ne vit que dans sa propre tête, qui vit que dans son monde imaginaire, mes mondes parallèles comme je les appelle ;

mon cul oui ! ça jette dans les soirées remplies d’allumés intellos mais quand je vais acheter ma baguette tout l’monde s’en branle !

Et pourtant tout se passe devant mes yeux, je les vois vivre devant moi mes personnages, ils se parlent,  j’ai les répliques exactes, les mots exactes…. mais ça ne gicle pas… ça ne gicle pas bordel ! ça monte, ça monte mais le foutre de la création ne gicle pas sur mon foutu écran !

comme j’ai envie de boire, fumer du H, me faire un rail de coke, baiser à m’en faire péter le cœur !!! m’étourdir pour oublier ce que je désire le plus : continuer à créer ce putain de scénario, ou écrire du vrai, écrire des histoires des vraiEs, celles qu’on aime….

et merde tiens je vais me servir un verre de ce très bon haut-médoc, c’est le deuxième verre ? et alors ? de toute façon qui me voit ? qui me juge ? je suis toute seule ;  ah ouiiii ! Dieu ?

Mais c’est vrai , peut-être bien que Dieu est en train de m’épier comme un vieux vicelard pourquoi pas ? et bien descend un peu de ton ciel et vient me faire l’amour Dieu car les gods ça va cinq minutes et les mecs bien sympas à qui je n’ai pas grand chose à dire mais qui me prennent pour un plan cul ça ne me va que deux minutes, je préfère la pratique manuelle dans ces cas là.

J’en suis arrivée à un stade où je ne peux que vomir des mots, « gros » mots, de la vulgarité, de la colère, une envie irrésistible de me foutre en l’air ! et pourtant non, je suis toujours là… je préfère hurler des mots dégueulasses plutôt que de pleurer comme une larve. D’ailleurs, la larve a tellement pleuré hier qu’elle n’a plus rien a baver de ses yeux.

 

Daphné se lève, se dirige vers la minuscule kitchenette de son 22m2, se sert un verre de vin en se retenant de pleurer. Elle arpente sa pièce le verre à la main avec une telle colère rentrée qu’on pourrait croire qu’elle va d’une minute à l’autre se jeter par la fenêtre.

puis d’un seul coup elle mets sa tête en arrière et sourit.

- je suis folle, complètement folle, j’aime souffrir en écoutant l’Aria…

 

elle boit doucement son verre de vin et regarde autour d’elle, se caresse la poitrine en fermant les yeux puis se dirige à nouveau vers son lit, s’assoit et tapote sur son clavier.

 

Comme j’aimerais qu’un homme qui m’aime soit là près de moi, là, à cet instant, comme j’aimerais aimer qu’il m’aime, comme j’aimerais l’aimer.

Et puis merde ! c’est cet adagio de merde qui me rends toute dégoulinante ! oui mais je ne l’arrête pas cette musique car elle me fait écrire, oui elle me fait écrire et vous savez pourquoi elle me fait écrire ? parce que je souffre et si je m’inflige de la souffrance je peux jouir d’écrire… je me hais tellement que je ne peux aimer que moi…

 

Pourtant des hommes m’aiment, mais… ils ne raisonnent pas avec ma folie… je ne peux que rester à écrire, à aimer attendre, à aimer souffrir… masochiste de la création je suis, masochiste de la création je reste. Je jouis de ma propre souffrance.

je jouis avec des hommes qui jouissent de mon corps et non de mon âme… Un corps abîmé par ce que je lui ai infligé. Infliger la laideur à la beauté est une création non ? quand on inflige on pense à sadisme mais cela ne concerne que mon corps, donc moi… je suis maître de mes propres faiblesses.

la laideur de la douleur apitoie l’homme-rapace…

ils veulent me protéger de ma propre folie en essayant de me mêler à la leur mais c’est impossible car je ne peux que les emporter dans le tourbillon de ma manipulation.

j’aime tous les hommes qui jouissent avec moi mais je ne peux pas leur garantir ce qu’ils demandent. J’ai été soumise à mon maître pendant des années mais c’était un leurre car je suis une dominatrice de l’inconscient.

Sans que je le sache je rentre dans leur tête et je peux voir tout ce qu’ils veulent cacher, je peux voir leur secret, le moindre de leurs fantasmes et ils le savent.

la mort ne fera pas taire ce que je peux voir.

et tant que je verrai je serai seule.

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