Rêve 2 ... extrait de Innocente Douleur

Publié le par Laportebleue - Danièle Antoniotti

Pourquoi suis-je allée dans ce bar ce soir là ? J’aurais pu très bien aller au ciné, chez moi, dans un autre bar que le « Bar du Cap ».

Daze je l’ai rencontré en sortant du bar, parce que j’ai emprunté la ruelle, donc, le Bar du Cap n’a rien à voir avec Daze ?

Le Bar du Cap est près de la ruelle pourtant…

 

« Psstt… psstt ! S’il vous plait…

Un petit homme maigrichon au teint jaunâtre, pieds nus et à l’imperméable sale.

Je n’ai pas peur qu’il m’exhibe son sexe, il ne me fait pas peur il me dégoûte un peu c’est tout.

Psstt psst ! s’il vous plait…

Je le regarde, il fait sombre mais je vois tout de même le bleu de ses yeux. Le blanc et le bleu de ses yeux. Il me sourit et continue son psttt pstt ! S’il vous plait.

Je suis face à lui, il s’échappe de ce petit homme une odeur âcre, comme de l’ammoniaque ou je ne sais quoi.

Psstt pstt ! s’il vous plait…

Il m’arrive à peine à la poitrine, je m’approche de lui, son odeur me prend à la gorge.

Psstt psstt ! s’il vous plait…

Il tend ses bras comme un enfant suppliant, il sourit toujours…

Je m’approche tout près de lui et il me sert dans ses bras, ses bras si maigres…

Il enfouit sa tête entre mes deux seins, je n’ose rien faire mais ma main sans que je puisse la retenir caresse doucement sa chevelure terne et grasse… ses cheveux sont visqueux, l’odeur acide est intenable, mes mains ruissellent baignent dans la mer huileuse de sa chevelure.

Psstt psstt ! s’il vous plait…

Sa petit main maigre fouille dans sa poche, il en sort une longue corde ou un tuyau ? la nuit m’arrache la vue… le tuyau a la même odeur désagréable, il est aussi visqueux et suintant….

Psstt psstt ! s’il vous plait…

Sa tête est toujours contre ma poitrine, son bras maigre faisant ce qu’il peut pour m’étreindre et sa main droite agitant le cordon suintant sous mes yeux.

Psstt psstt ! s’il vous plait…

Je cesse de caresser sa chevelure et prend le tuyau, son contact est froid… il glisse de ma main… poisseux.

Psstt psstt ! s’il vous plait…

J’ouvre la bouche et commence à l’enfoncer dans ma gorge doucement pour ne pas me faire vomir.

Doucement je le dirige, soigneusement je l’insère.

Psstt psstt ! S’il vous plait…

Et je le mâche, mâche, jusqu’à ce qu’il soit sectionné. Le petit homme se recule lentement et il me sourit.

Je sens mon urine couler le long de mes cuisses…

Le petit homme ouvre ma bouche et ressort doucement de ma gorge le tuyau que j’ai ingurgité. Mon estomac se retourne mais je garde ce qu’il y a à l’intérieur. Lorsque le petit homme retire les derniers centimètres le froid arrive… il l’entoure autour de son poignet et d’une voix de fausset dit : « il est 7 heures 3 minutes 15 secondes, je m’appelle Daze le grand, maman…

 

« Comment analysez-vous ce rêve ? »

« A part qu’il me donne la nausée c’est tout ce que je peux en dire »

« L’associeriez vous au Horses ? »

« Oui… quoi que… peut-être, je ne sais pas »

« Faites un effort s’il vous plait »


Elle soupire puis ferme les yeux « le bar du Cap Pourquoi ? »


« Oui pourquoi ? »

« Le Cap me fait penser à un bateau, la mer…

« Oui, et ? »

« Ben c’est tout »

« Où avez-vous eu cette arme ? »

« On me l’a donnée »

« Qui ? »

"Quelqu’un… il y a longtemps… en souvenir…"

« En souvenir de ? »

« Mon courage, ma force, mon endurance ! » elle rit.


Le Docteur Bretman pose ses mains en prière sur sa bouche, ferma les yeux et dit :


« Votre endurance à quoi ? »

« Le 1000 m haie ! »


Le Docteur Bretman retire doucement ses lunettes, la regarde avec intensité. Il se penche vers elle et murmure sèchement :


Arrêtez de vous foutre de moi ! Je répète ! Endurance à quoi ?


Elle se redresse regarde autour d’elle apeurée et les yeux humides dit doucement :


« L’endurance à la douleur Docteur…

D’ailleurs il m’appelait Douleur… « Innocente Douleur ».

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