The Dedication...

Publié le par La Porte Bleue - Danièle Antoniotti



Serais-je nue quand ils ne seront plus là ?

J'avance les yeux bandés

Mes souvenirs si embrumés de pleurs et de sueurs

Ces serpents qui me parcourent le corps et m'empoisonnent de leur venin, Ils n'ont de cesse de me piquer.

Ma tête cogne contre le sol

Mon corps plaqué contre ce mur froid

La pierre égratigne mon dos

Mes poignets me font mal, si mal que mon sang fuit pour se réfugier au bout de mes doigts, ce sang apeuré cogne pour s'échapper de mes griffes

Mon dos me fait mal, si mal

Ça me brûle, du froid ? Du feu ? Ma peau tomberait-elle en lambeaux ?

je me déshabille de ma chair, les chacals vont me dévorer, me déchiqueter et me laisser pourrir, je suis l'offrande des vautours

Mes cuisses tentent de m'aider mais je me sens glisser

Debout ! Debout ! Debout ! en cadence, en cœur,

Cœur! dis mois de mourir et je mourrai

Cœur ne bat plus ! Arrête-toi !

Oh ! Prière exauce toi ! Prière exauce toi !

Debout ! A genoux ! Assise ! A genoux !

Mon cou désarticulé, le pantin décadent emmèle ses fils

Coupez-les ! Coupez-les ! Que je tombe !

Je veux m'enfoncer dans le sol, m'y ensevelir et dormir

Ces rires, ces rires, non ! Ne riez pas ! Ne voyez-vous pas que le cuir a le goût du sang ?

Ils sont là mes fantômes !

Mes fantômes sont-ils là ?

Cagoulée, ligotée, brouillard, stores baissés, odeur d'église et d'encens

Je voudrais voir le noir en dedans

Je suis sur l'eau, les vagues me lèchent,

me brûlent la peau, me brûlent les yeux

Ma bouche au goût amer, le goût du sang ?

Le goût du cuir ?

Je sens des bouches sur mon corps, des vipères gluantes appartenant à quelques sorcières en quête de sabbat

Elles offrent leur cul à Belzébuth leur seigneur

On s'offre le mien pour le démon de la douleur leur seigneur

On puise en moi toute mon énergie vitale

Je ferme les yeux et je vais mourir de ne pas mourir

Un jour peut-être je vous regarderai d'en haut et lirai dans vos yeux la puanteur de votre cœur

Et vous saurez enfin que je suis là,

Je me souviendrai de vos souffles, de votre bave aux lèvres, de votre lâcheté

Vous vendrez vos filles aux bourreaux que vous aurez engendrés

Vous tuerez vos fils au sang empoisonné par la cruauté que vous leur aurez transmise

Les liens du sang, de mes liens en sang vous vous souviendrez

Vous tuerez vos femmes en engendrant la pourriture

Vous empoisonnerez de votre semence la femme que vous féconderez

La pourriture engendre la pourriture...

La mort vous sera délicieuse comparée à la souffrance de mon regard

Un jour vous lirez dans mes yeux les mots de la douleur

Je me lèverai fourbue, ensanglantée, la chair à vif mais la force me guidera pour vous pointer du doigt

Je vous empalerai sur le pilier de vos remords

Vous hurlerez de voir votre sexe gicler le sang que vous avez fait couler

Le temps n'aura de fin pour vous bourreaux de mon corps

Vous avez lacére la vie

Vous avez souillé le futur

Votre sueur sera l'urine de la bête que vous n'avez pas achevée

Vous avez tué une mère, une enfant,

Vous l'avez enfermée avec les rats et la vermine

Son destin est d'errer dans sa mémoire pour se souvenir que vous existez

Vous avez sali son passé, son présent, son futur

Mais elle attend le chevalier blanc

Elle attend le chevalier blanc

Il l'emportera  et la parera de l'habit des purs

Il lui soufflera la brise légère de la sérénité

Il la bercera dans la nuit tranquille et paisible

Il lui donnera la lumière pour parcourir son chemin

Il la guidera vers la sagesse

Elle sera femme,

Elle lui offrira la virginité de son cœur

Elle l'adorera en lui donnant ce corps blessé

Il la guérira de ses blessures

Et elle criera sa douleur comme une nouveau-né pousse son premier cri

Il lui donnera naissance et la lavera de ses souillures

Oui ! Elle attend le chevalier blanc !

Si la mort est ce chevalier elle lui ouvrira les bras

Elle l'enlacera, le baisera de ses lèvres froides

Et son regard vide s'animera de mille feux

Il est temps de partir, j'entends le galop de son cheval

Je ferme les yeux, je n'ai pas peur, j'ai l'espoir de mourir pour enfin revivre

J'attends

Un signe

De vie

De mort

D'espoir...

Publié dans Textes... création

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