Rien ne peut m'arriver...

Publié le par LaPorteBleue - Danièle Antoniotti

Rien ne peut m’arriver non… rien, rien, rien….

Je marche dans ce couloir doucement et lentement pour qu’il ne m’entende pas…

je sais exactement où poser mes pieds pour ne pas faire grincer le parquet…

j’ai tellement répéter cette scène, je connais chaque parcelle du plancher,

chaque lame…

Il est si long ce couloir, infiniment interminablement long ….

Je vois poindre une faible lueur tout au bout, le début de l’escalier.

La lune peine à m’éclairer ce soir, un halo brumeux l’emprisonne…

Aide moi la lune, aidez moi étoiles à me sortir de ma toile, de cette toile épaisse qui me recouvre…

Plus que quelques mètres, mes pieds nus s’enfoncent dans le tapis moelleux,

J’ai l’impression que je m’y enlise et que des mains invisibles me retiennent par les chevilles…

Et je m’imagine, non !  Je les vois ces mains qui s’agrippent désespérément à la surface du tapis !

Le tapis bouge et ondule comme si des corps rampaient en-dessous.

Je cours désormais, mes jambes tremblantes dévalent l’escalier de marbre qui me glace le sang, mon corps frissonne sous le fin tissus de ma chemise de nuit.

Plus que trois marches et j’atteindrai le corridor, je ne sens plus mes pieds glacés comme la sueur qui perle sur mon front.

Je n’entends que mon cœur battre dans cette immense bâtisse, cœur qui raisonne dans mes tempes à m’en brouiller la vue…

Je suis arrivée dans le corridor, je suis tellement heureuse que la lumière ne soit pas éteinte, Thomas l’a laissée allumée, comme je le bénis,

je le bénis de toute mon âme que j’ai vendu au diable !

Le sac ! Où est le sac qui devait être caché sous l’escalier ?

Mon cœur cogne dans ma gorge j’ai l’impression de l’avoir avalé,

mon cœur va m’étouffer !

J’essaie de me calmer et m’empêcher de sangloter…

Pieds nus et presque nue comment partir, s’enfuir ? Je reste plantée immobile, bouche ouverte et les mains sur la tête, mes jambes parviennent à peine à me soutenir.

Je vois la porte au loin… je la regarde un moment et je me mets à courir à toute jambe ! Je fais maladroitement basculer la barre qui la traverse afin de l’ouvrir… C’est tellement lourd une porte qui date de plusieurs centaines d’années.

Elle s’ouvre, enfin ! Elle s’ouvre ! Je ne peux m’empêcher d’émettre un petit son de victoire !

Je regarde en arrière car la peur me fais hésiter mais non je me retourne et ….

« Tu comptes sortir dans cette tenue ma douce ? »

Je reste figée… il est face à moi souriant… derrière la porte il m’attendait… il savait… oui, il savait …

                   

                                                                                                        


Publié dans Textes... création

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