Il y aura surement une voix... (extrait de : Innocente Douleur)

Publié le par Laportebleue - Danièle Antoniotti

Douleur devait se lever tôt ce matin là.

La nuit avait été agitée une fois de plus. Les cauchemars recommençaient et le téléphone avait sonné trop tôt.

Sonnerie : une

Il aurait sonné des heures…

Le jour commençait à vouloir s’infiltrer par les persiennes de la chambre, sa chambre.

Des draps en boule, un oreiller trempé.

Le lit de Douleur était vide, depuis un moment déjà… tout était vide autour d’elle.

Sonnerie : trois

La tête enfouie dans son oreiller Douleur tend son bras péniblement vers le téléphone, ses doigts tâtonnent sur la table de nuit.

La main se pose sur le combiné, les doigts se crispent, la main reste là, glacée.

Sonnerie : cinq

Il y aura sûrement une voix si la main daigne la conduire vers l’oreille.

Le combiné se déplace lentement dans l’air, comme suspendu, une voix… des mots,  les mêmes qui se répètent, lancinants, désespérés.

- Allo ? allo ? ! D. tu es là ? Putain c’est toi ? Répond !!

La voix s’écoule lentement dans le conduit auditif, dans la tête toujours enfouie dans l’oreiller humide.

- Oui ! C’est toi Carole ?

des bruits, des pleurs, de la peur, de la panique…

- Viens s’il te plait, je ne suis pas bien du tout !

- Attends Carole, je ne suis pas bien réveillée là, quelle heure est-il ?

- Je ne sais pas ! tôt ! Viens ! je ne suis pas bien, je sais que je ne devrais pas t’emmerder comme ça mais…

 

 

Des bruits, des pleurs, de la peur, de la panique…

- Mauvais trip c’est ça ?

- Non ! Non ! Rien de tout ça je te jure !!! Je flippe D. j’ai une boule dans la gorge, j’ai l’impression d’avoir des vers sous la peau, des… oh ! Je t’en supplie, si tu savais comme…

- D’accord, laisse moi un peu de temps pour émerger et j’arrive, reste au lit, couvre-toi, ne te lève pas, ne pense qu’à mon arrivée dans quelques minutes ok ? Je raccroche pour aller plus vite !

La main de Douleur repose bruyamment le téléphone.

Un drap vole dans la pénombre et retombe sur le sol, deux jambes nues, deux pieds nus le piétinent…

Une femme nue, de dos, emprunte une porte.

Des bruits… des pas précipités… des marches d’escalier, un bruit étouffé au-dessus de la pièce sombre, de la chambre où les persiennes laissent s'immiscer le soleil.

Des pas pressés, un peu n’importe comment.

De l’eau qui coule, le silence pendant un moment.

Un gazouillis d’oiseau matinal, c’est au moins le printemps pour qu’il chante de si bonne heure.

Du bruit à nouveau, encore des pas mais plus lourds, des pieds chaussés, un claquement de porte !

Quelques marches dévalées, de la peur et encore de la panique, puis plus rien…  que le chant de l’oiseau.

Le drap sur le sol, l’oreiller humide, le silence, la chambre vide, rai de lumière dans les persiennes, de la poussière qui virevolte… de la peur, de la panique encore…

 

 

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J
<br /> <br /> bonsoir Danièle ! Douleur étendu dans son lit attendait le bonheur tout chaud contre lui ...la voix de Carole au téléphone , puis ses pas, sa voix , son corps et son souffle chaud contre lui<br /> ....et le bonheur sans bruit et sans mot dire était déjà là . belle soirée à toi et bravo pour ton texte qui me plait !<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> merci pour ton commentaire Jean-Philippe...<br /> <br /> <br /> ravie que ce texte te plaise car il compte énormément pour moi...<br /> <br /> <br /> <br />